Laos (2)

J37 - Samedi 10 février 2018 – Vieng Thong – Chom Thong

Distance parcourue : 35,75 Km - Moyenne : 12,44 Km/h

Dénivelé montant : 425 m - Pente montante Maxi : 9 %

Dénivelé descendant : 435 m - Pente descendante maxi : 9 %

Altitude départ : 317 m - Altitude arrivée : 307 m - Altitude Maxi : 547 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4308738/#/z11/18.6195091,104.353945/google_roadmap

J’ai mis le réveil pour 7h30 ce matin mais je suis réveillé presque deux heures plus tôt par des voisins qui se lèvent, parlent fort et se raclent la gorge longuement. On se couche et se lève tôt dans le pays et c’est moi qui suis décalé. Je me rendors d’un sommeil discontinue jusqu’à l’heure prévue. C’est un peu brumeux ce matin et il fait un peu frais (environ 18 degrés). Il faisait 24 degrés dans la chambre hier soir. Ce matin c’est la même température qu’à l’extérieur. La couette est épaisse et je n’ai pas eu froid.

Je descends mes affaires et quitte l’hôtel vers 8h20. Je reviens en arrière vers la ville mais je ne vois pas plus de restaurant qu’hier soir. Il y a par contre un marché sur la droite un peu à l’écart et en hauteur. Il y a souvent des petits restaurants sur les marchés mais ici il n’y a que des commerçants qui vendent toutes sortes de marchandises. J’arrive quand même au bon moment car la plupart mangent en petits groupes de cinq ou six personnes qui tiennent des étals contigus. C’est donc la pause et l’humeur semble plutôt joyeuse. Un homme qui mange en compagnie de cinq femmes m’interpelle « Kin Kao » (manger le riz). C’est bien ce que je veux et je m’approche. Il y a plusieurs sortes de riz et aussi des plats avec du poisson seul, du poisson découpé et mélangé à des herbes etc. Je mange donc le riz gluant avec eux. Pour les autres aliments il faut se débrouiller à en prendre un peu au milieu d’une boulette de riz. Je m’attendais à des accompagnements plutôt épicés mais non tout est mangeable pour moi et c’est même bon. Lorsque je propose de payer je me heurte à un refus catégorique et je n’ose pas insister de peur de vexer. Je pense que chacun apporte quelques choses pour faire un repas commun auquel j’ai été invité en toute simplicité. Pendant que nous terminions de manger une jeune femme est allée chercher deux bouteilles d’eau qu’elle veut m’offrir. Là je refuse poliment en montrant les gourdes qui sont sur mon vélo. J’ai environ deux litres d’eau (c’est l’eau du robinet que je filtre, je fais cela depuis le départ et je n’ai pas eu de problème) et c’est plus que suffisant pour le court parcours que je prévois de faire aujourd’hui. Je pars après avoir remercié ceux qui m’ont si gentiment invité à partager leur repas du matin. J’achète quelques fruits quelques étals plus loin (ceux qui m’ont invité vendaient tous des légumes ou des herbes). Et je prends la route dans la bonne direction cette fois-ci. Je ne démarre l’enregistrement du parcours que lorsque je repasse devant l’hôtel où j’ai dormi. Il est déjà 9 heures.

Les maisons se font plus rares mais il y a encore au moins deux guesthouses et aussi des restaurants sur le premier kilomètre.

Le parcours est rarement plat et les montées sont souvent au-dessus de 5%. Les passages entre 8 et 9% ne sont pas rares. Dans le sens où je roule la plus longue montée est entrecoupées de replats et aussi de quelques descentes et cela la rend plus facile. C’est un peu casse jambes mais cela permet de faire descendre un peu le rythme cardiaque. Comme je ne prévois qu’une trentaine de kilomètres aujourd’hui je limite les efforts au minimum et j’avance à une vitesse de balade tranquille. Les paysages sur le parcours sont beaux et la route est très peu fréquentée. Les brumes du matin ce sont dispersées rapidement et le soleil fait monter la température rapidement. Vers  midi il fait comme hier environ 35 degrés au soleil. Ce n’est donc pas encore les grandes chaleurs mais c’est mieux ainsi.

J’arrive à Chom Thong avant midi et je dépasse la guesthouse de quelques centaines de mètres pour voir l’état de la route que j’envisage de suivre demain. L’intersection est juste à la sortie de la « ville » après un pont. La route 1D qui part sur la gauche est goudronnée et la route que les cartes Google nomment par erreur « 1D » est goudronnée sur environ 50 mètres et ensuite c’est une route de terre. Un panneau à l’intersection indique « Thong Mixay = 62 Km » dans la direction de la route de terre. Ce sont d’autres noms qui figurent sur les cartes Google (et aussi parfois sur ce site car je reprends les noms des cartes Google lorsqu’il n’y a pas de panneau avec le nom de la ville lisible pour moi). J’avais noté deux villes avec peut-être des hébergements lors de la préparation des traces. Elles seraient à 50 et 72 kilomètres de Chom Thong. Toutes ces distances semblent faisables et il est inutile que je cherche plus d’informations. Je verrai cela demain sur place et j’ai ce qu’il faut pour camper si nécessaire.

Je reviens sur Chom Thong où il y a un petit restaurant en face de la guesthouse. En payant mon repas je fais comprendre à la dame qui tient le restaurant que je veux prendre une chambre à la guesthouse. Elle me montre le bâtiment en face et appelle un enfant qui fait la sieste dans l’échoppe de jus de canne à côté. Il se lève et passe dans la maison en face prendre un petit panier avec les clés. La guesthouse est en arrière après un petit bosquet. Le cadre est plutôt joli. Les chambres sont basiques mais il y a quand même une douche avec eau chaude. C’est 50 000 kips la nuit. L’enfant qui doit avoir une dizaine d’année parle un peu anglais. Je le paie avec un billet de 100 000 Kips et il revient deux minutes plus tard avec la monnaie. Je suis installé avant 13 heures aujourd’hui et je vais pouvoir prendre la douche et mon linge aura le temps de sécher à l’extérieur avant que la nuit arrive.

Demain ce sera donc un parcours entre 50 et 72 kilomètres sur une route de terre avec environ 1 500 mètres de dénivelé montant et une altitude maxi à environ 1 100 mètres. Je ne sais pas si les informations que j’ai sont exactes ou non et je verrai cela sur place. Les journées suivantes devraient être plus difficiles avec probablement au moins deux nuits sous la tente et au-dessus de 1 000 mètres d’altitude. Je peux revenir en arrière après-demain si le parcours prévu me semble trop difficile. Ensuite il y aurait plus de dénivelé en retournant en arrière plutôt qu’en continuant.

 

J38 - Dimanche 11 février 2018 – Chom Thong - Xiangta

Distance parcourue : 53,38 Km - Moyenne : 7,70 Km/h

Dénivelé montant : 1490 m - Pente montante Maxi : 16 %

Dénivelé descendant : 862 m - Pente descendante maxi : 13  %

Altitude départ : 307 m - Altitude arrivée : 935 m - Altitude Maxi : 1142 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4309761/#/z11/18.8295906,104.128635/google_roadmap

https://fr.wikiloc.com/itineraires-voyage-a-velo/j38-dimanche-11-fevrier-2018-chom-thong-xiangta-22608336

J’ai mis le réveil à 6h40 ce matin et je me réveille facilement car je me suis couché tôt et pas fatigué hier soir.  Il fait beau dehors mais encore un peu frais et je prends le temps de lire mes mails et les informations. Je quitte l’hôtel vers 8h20 et je prends la route 30 minutes plus tard après avoir pris le petit déjeuner.

J’arrive ensuite rapidement sur le chemin (route 1D sur les cartes Google mais c’est une erreur) que je vais suivre toute la journée.

Les petites montées commencent rapidement mais les difficultés arrivent vers le kilomètre 17 environ avec souvent des pentes à plus de 10 %. Il y a beaucoup de pierres sur le chemin et il faut choisir les meilleurs passages. Ils sont souvent étroits et ce n’est pas évident de rouler droit sur des pentes aussi raides. Je pousse donc le vélo assez souvent. Je passe le premier col à 830 mètres d’altitude vers 11h30.

Il y a un gros village avant une petite montée au milieu de la descente au kilomètre 25 environ. Je m’arrête à un commerce ou j’achète un gros paquet de biscuits secs et environ 500 grammes de riz gluant. Je m’arrête un peu après le village pour manger dans un endroit tranquille.  Après le village le chemin a été élargi à la largeur d’une route. Le terrassement semble assez récent et il n’est pas terminé car il reste beaucoup de dérivations pour éviter de gros blocs de rocher que les engins n’ont pas pu bouger. La voie est plus large mais c’est toujours de la terre et ce n’est le plus souvent pas meilleur que le chemin des 25 premiers kilomètres et c’est plus poussiéreux.

La descente se termine à 450 mètres d’altitude et il faut ensuite monter jusqu’à 1120 mètres environ. Certains passages ne sont pas trop pentus et peuvent être gravis avec un vélo chargé. D’autres portions, surtout sur la fin, ont des pentes jusqu’à 16 %. Je pousse donc encore assez souvent le vélo. J’arrive au sommet vers 15h45. La descente est parfois bonne et pas trop pentue et je peux prendre de la vitesse. Ensuite après une autre petite montée d’une centaine de mètres de dénivelé c’est une descente raide sur un chemin moyen que je descends prudemment.

Une surprise (enfin presque car j’avais deviné de loin) m’attend en bas. Au kilomètre 50 au compteur je débouche dans un village et sur une route goudronnée. Ma trace s’arrête environ deux kilomètres plus loin devant une guesthouse indiquée sur les cartes Google. Comme ces informations ne sont pas toujours exactes je demande car il y a des intersections d’où partent d’autres routes goudronnées. On me montre la direction de ma trace. Je la suis donc et je vois quelques centaines de mètres avant la fin un panneau « Nha Nghi » (sans doute des vietnamiens qui sont nombreux au Laos). Je m’y arrête mais il n’y a personne pour me renseigner. Je continue donc jusqu’au bout de la trace où il y a bien une guesthouse à l’endroit prévu. Elle est petite je pense car je n’ai vu que deux portes de chambre. La chambre avec deux lits simples, on ne m’a proposé que celle-là, est à 70 000 Kips. C’est un peu cher pour une chambre équivalente à celle d’hier mais je ne fais pas le difficile car je suis couvert de poussière et mes sacoches et vêtements le sont également. Je demande où je peux manger et ils me proposent de manger à une table qui est juste en face et un peu en contrebas de la chambre. Je ne pense pas que ce soit un restaurant mais ils doivent avoir l’habitude de dépanner les clients de la guesthouse. Après quelques difficultés on se comprend grâce au traducteur Google. Mon omelette et mon assiette de riz seront près dans environ 20 minutes. C’est le temps qu’il me faut pour doucher mes sacoches, laver mes vêtements et me doucher. Cela prend un peu plus de temps car l’eau ne coule que par intermittence. C’est sans doute un problème de pressostat qui commande la pompe et qui est mal réglé. Il y a quand même un chauffe-eau et je réussi avec un peu de patience à nettoyer mes sacoches, laver mes vêtements et me doucher à l’eau chaude. Le timing est parfait car mon omelette est encore dans la poêle lorsque je sors pour dîner. La chambre est un peu chère mais le repas à 10 000 Kips est économique pour le Laos. C’est sans doute la viande qui fait monter le prix des soupes à 15 000 Kips. Il y a une bouilloire commune dans la guesthouse ainsi que des doses de café. Je me fais donc un café même si ce sont les heures où j’évite d’en boire habituellement. Il faudra que je pense à acheter des sachets de tisane pour le soir.

Comme prévue la journée a été un peu fatigante. Après le soleil du matin le ciel s’est de 9h30 à 15 heures environ. La température n’a pas dépassée les 25 degrés. C’est suffisant pour bien suer dans les montées mais c’est quand même préférable à un soleil de plomb. Le soleil n’est revenu que pour me réchauffer dans la descente et c’était parfait. Comme très souvent en montagne j’ai bénéficié de beaux paysages. C’est la forêt tropicale qui domine mais il y a aussi beaucoup de parcelles cultivées. De ce que j’ai vu on cultive principalement le manioc ici mais il y a aussi des bananeraies quelques rares parcelles d’ananas. La végétation est sèche en ce moment et il y a quelques fois des brulis en cours. C’est parfois sur des terrains très pentus mais comme les parties à peu près plates sont déjà cultivées il n’y a pas bien d’autres solutions pour gagner un peu de surface cultivable.

Ce n’est pas la circulation qui m’a gêné aujourd’hui. Il y a eu environ une quinzaine de voitures et camionnettes dans la première partie et peut-être une vingtaine de motos. Après le village et l’intersection du kilomètre 25 et jusqu’au kilomètre 45 environ je n’ai vu qu’une voiture et deux ou trois motos qui circulaient. Par contre il y avait des motos et des motoculteurs avec charrettes arrêtés sur le bord de la route et protégées du soleil par des feuilles de bananiers pendant que leurs propriétaires travaillaient sur leurs plantations ou dans la forêt.

Demain je continue dans la même direction. Open Street Map indique une guesthouse au kilomètre 22 environ à Nakhon Nua (Muang Mo sur les cartes Google). Cela fait un trajet un peu court et moins de 500 mètres de dénivelé montant. Il restera environ 50 kilomètres avec  2600 mètres de dénivelé montant et 1500 mètres de dénivelé descendant pour atteindre Muang Moc le jour suivant. Cela ne semble pas faisable en une journée et de plus il n’y a aucune indication de Guesthouse à Muang Moc (altitude 1650 mètres environ). J’aurais préféré deux parcours de 35 kilomètres mais s’il y a une guesthouse au kilomètre 22 demain j’y passerai la nuit. Il y a aura probablement une ou deux nuits sous la tente ensuite. Aujourd’hui il n’y a pas de wifi dans la guesthouse mais il y a une antenne relais en dessus du village et je suis connecté en 3G+ (comme d’ailleurs tous les jours depuis que je suis au Laos). Il n’y aura peut-être pas de réseau demain et les jours suivants et donc pas de mise à jour du site.

 

J39 - Lundi 12 février 2018  – XiangTa – Muang Mo

Distance parcourue : 27,01 Km - Moyenne : 9,18 Km/h

Dénivelé montant : 425 m - Pente montante Maxi : 17 %

Dénivelé descendant : 906 m -  - Pente descendante maxi : 20 %

Altitude départ : 935 m - Altitude arrivée : 434 m - Altitude Maxi : 1274 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4310508/?created=1#/z12/19.0005457,103.97401/google_roadmap

https://fr.wikiloc.com/itineraires-voyage-a-velo/j39-lundi-12-fevrier-2018-xiangta-muang-mo-22608357

Ce matin je me réveille un peu avant 8h20 et quelques minutes avant que le réveille sonne. Comme hier le ciel est encore très couvert mais le soleil fait quelques percées. J’en profite pour mettre mes vêtements qui ne sont pas totalement sec sur la rambarde en bois du couloir extérieur. Ils sont ici très bien exposés au soleil lorsqu’il veut se montrer.

Pendant que je prépare mes sacoches la dame qui s’occupe de la guesthouse frappe à la porte. Elle m’apporte un grand verre de café chaud. La bouilloire n’est plus là ce matin. Elle est peut-être utilisée ailleurs mais j’ai quand même mon café. Je prends le temps de le boire à l’extérieur où il fait bon alors que dans la chambre c’est un peu frais.

Je fais un petit graissage de chaine et j’équipe tranquillement mon vélo pendant que le soleil fait son travail de séchage des vêtements. Ils sont encore légèrement humides lorsque j’ai terminé mais je m’équipe quand même. Ils finiront de sécher avec ma chaleur. Je prends la route vers 9h10 et je fais un petit tour en « ville » pour voir s’il n’y a pas de restaurants ouverts. Je n’en trouve pas et je n’insiste pas car j’ai déjà bien mangé ce matin (fruits, reste de riz d’hier, biscuits et café). De plus le parcours prévu n’est pas long et j’ai des réserves dans mes sacoches si nécessaire.

Après un peu de plat et quelques petites montées le goudron s’arrête au kilomètre 4,5 environ. La descente laisse aussi rapidement la place à une montée raide et caillouteuse. A part quelques passages à 8 ou 9% c’est toujours en dessus des 10% avec des virages à 17%. Sur cette route poussiéreuse et caillouteuse je ne peux pas monter de telles pentes sur le vélo et j’ai même quelques fois du mal à pousser car mes chaussures dérapent. Cela ne dure qu’un peu plus de 2 kilomètres. Il y a ensuite un petit plateau puis le reste est surtout de la descente. Comme hier le chemin est en cours d’élargissement et de transformation en route dans la descente. Les travaux sont plus avancés que sur le parcours d’hier et il y a de longues portions parfaitement plates et compactées. Il y a aussi quelques parties encore non empierrées et très poussiéreuses et deux passages de petites rivières à gué. Dans l’ensemble les travaux sont quand même bien avancés et la ville où j’ai dormi hier et celle où je vais dormir ce soir ne devraient pas tarder à être reliées par une route goudronnée.

Je termine donc mon parcours du jour sans trop d’efforts. A l’entrée de la « ville » de Muang Mo (c’est le nom sur les cartes Google). A la première intersection à l’entrée de la ville il y a déjà un panneau qui indique la direction d’une guesthouse. Il y a des gens devant une maison et j’essaie de demander s’il y a des hébergements sur la route qui conduit à Phonsavanh. On m’envoie vers les guesthouses de la ville en me disant que les prochaines sont à Phonsavanh qui est à 135 kilomètres. La distance est exacte mais je sais qu’on peut aussi dormir à Muang Khun qui est située environ 35 kilomètres avant Phonsavanh et donc à une centaine de kilomètres d’ici.

Comme il n’est pas encore midi je prends le temps de faire le tour des 5 ou 6 rues de la « ville » et je vois quatre panneaux « guesthouse ». Je me dirige vers la sortie de la ville et je demande à d’autres personnes s’il y a des hébergements sur mon parcours de demain. On me dit « Xiang Kouang ». Lorsque je demande la distance l’homme hésite. Apparemment il n’a pas l’habitude de parler de distances. Il finit par écrire 1700 sur son téléphone. Une fille d’une douzaine d’années vient se mêler à la conversation. Elle est plus à l’aise avec la lecture (Google traduction ne traduit pas les textes en sons en laotien) et elle place Xiang Kouang à environ 170 kilomètres d’ici. Quand je lui écris que je vais à Phonsavanh elle me fait comprendre que Phonsavanh et Xiang Kouang c’est la même chose. Je vérifie cela le soir est en effet Phonsavanh est la capitale de la province de Xiang Kouang. Je ne suis pas plus avancé que si je n’avais rien demandé mais je suis maintenant presque certain que je passerai au moins la prochaine nuit sous la tente entre 1000 et 2200 mètres d’altitude. La température ne dépasse 23 degrés aujourd’hui  à 450 mètres d’altitude et ce matin il devait faire environ 17 degrés à 935 mètres. Si le soleil ne chauffe pas un peu demain il risque de faire frais la nuit prochaine dans la montagne.

Je fais ensuite un tour sur le marché pour y acheter quelques fruits et je déjeune à un restaurant proche. Les restaurants sont aussi nombreux que les guesthouses dans la « ville ». Il y a aussi des grands bâtiments pour l’école, un grand centre de santé et plusieurs terrains de foot mais peu de maisons. La ville doit être un centre qui regroupe les services pour plusieurs villages.

Je visite ensuite les guesthouses. Deux proposent des chambres très petites et sombres à 60 000 Kips avec une salle de bain basique est commune. C’est très cher pour ce que c’est. La troisième serait sans doute mieux car c’est un grand bâtiment avec des grandes fenêtres mais elle est fermée du 12 au 15 février. Il y a une femme à la réception et elle me montre le registre où ces trois jours sont barrés. Je vais dans celle qui reste et que j’avais visitée en premier. Les chambres sont grandes avec ventilateur, climatisation (inutile aujourd’hui), eau chaude, wifi mais le prix est de 100 000 Kips. C’est cher mais c’est de loin le meilleur rapport qualité/prix. A la première visite il y avait un homme qui parlait anglais mais lorsque j’y reviens il n’y a qu’une femme qui n’est pas très douée pour la communication. Il y a un panneau avec des prix de chambres à 60 000 et 100 000 kips mais elle ne sait pas m’expliquer pourquoi je ne peux avoir qu’une chambre à 100 000 Kips. A la première visite l’homme m’avait dit que toutes les chambres étaient à 100 000 Kips et je n’avais pas vu le panneau. Maintenant il y a des clients et la dame leur donnent les clés en disant « Hok Sip Phan ». Je comprends cela et c’est 60 000. Le prix de 100 000 Kips c’est peut-être pour les étrangers. Peu importe je ne vais pas passer la journée là-dessus pour 4 Euros. Il reste le problème du wifi car il y a le wifi c’est écrit sur le panneau mais le mot de passe n’est écrit nulle part. La réceptionniste ne sait pas et les autres clients me disent qu’il faut attendre que le patron revienne à 16 heures. Après avoir payé je profite d’un moment d’absence de la réceptionniste pour passer derrière le guichet. J’y suis encore quand elle revient mais peu importe. J’ai vu des numéros sur la couverture d’un carnet avec 1 = xxx et 2 = xxx. Comme il y a deux émetteurs je les notes et j’essaie avec mon téléphone. Ce sont bien les mots de passe wifi. Le wifi n’est pas très important pour moi car j’ai des données mobiles. Cependant les mises à jour des applications du PC et du téléphone ne se font pas avec les données mobiles car je n’ai pas activé l’option pour éviter des passer mon quota de données en une soirée. Cette première connexion au wifi depuis que je suis au Laos me permettra de mettre à jour le PC et le téléphone si nécessaire.

Après cette petite journée de semi-repos ce sera demain et probablement après-demain deux grosses journées avec au moins une nuit sous la tente. En faisant l’itinéraire piéton sur Google maps depuis Muang Mo (où je suis) jusqu’au point le plus élevé du parcours (2 215 mètres) j’obtiens – distance 34,5 Km – dénivelé montant 2 476 mètres - dénivelé descendant 716 mètres. Ce qui fait des pentes montantes et descendantes moyennes de 9,2 % environ. Avec une telle moyenne je ne serai pas surpris de trouver de nombreux et longs passages à plus de 12%. La moyenne ne devrait pas être très élevée et je déciderai dans la journée de la conduite à tenir en fonction de l’état de la route (ou du chemin). Je préfère planter la tente en dessous de 1800 mètres pour essayer d’éviter des températures nocturnes trop basses. Si ma moyenne est assez élevée j’essaierai de dépasser le sommet et de redescendre le plus possible avant la nuit (c’est peu probable). Si par contre je vois que je ne peux pas arriver au sommet je chercherai un endroit convenable pour mettre la tente avant la fin de la montée vers 1800 mètres. Je vois le début de la première montée depuis l’hôtel. C’est raide mais goudronné. Je ne pense pas que le goudron soit présent bien longtemps mais je saurai cela demain. Comme il y a aussi peu de chances que je capte le réseau dans la montagne le site ne sera probablement pas mis à jour demain.

 

J40 - Mardi 13 février 2018 – Muang Mo – Phou Samsoun (Col)

Distance parcourue : 35,44 Km - Moyenne : 5,55 Km/h

Dénivelé montant : 2020 m - Pente montante Maxi : 16 %

Dénivelé descendant : 409 m - Pente descendante maxi : 14 %

Altitude départ : 454 m - Altitude arrivée : 2065 m - Altitude Maxi : 2215 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4312241/#/z12/19.1108555,103.871315/google_roadmap

Je me réveille vers 6h50 ce matin juste avant que le réveille sonne. Je regarde par la fenêtre et le ciel est très couvert. Il fait 18 degrés dans la chambre. Je sors pour estimer la température extérieure. Il fait plus doux qu dans la chambre et j’estime qu’il fait environ 20 degrés. L’hôtel a eu beaucoup de clients cette nuit et beaucoup sont dehors à attendre. Ils sont tous très chaudement vêtus. On est habitué à plus de chaleur par ici.

Comme d’habitude je ne suis pas très rapide et je quitte l’hôtel vers 8h30. Je prends la route vers 9 heures après avoir pris mon petit déjeuner et fait quelques achats sur le marché en prévision d’une journée et d’une nuit probablement sans restaurants.

La première montée est assez raide avec des pentes jusqu’à 12% mais c’est goudronné et je n’ai pas besoin de pousser le vélo. Après un passage à l’altitude 610 mètres ça redescend d’autant et le goudron se termine au kilomètre 7,5 environ en bas de la descente.

La route de terre est assez bonne au début et je passe le plus souvent les pentes jusqu’à 12 % sur le vélo. C’est un petit peu plus rapide que de pousser mais c’est surtout moins fatigant. Je fais la pause repas vers 11h30 à un peu plus de 1 000 mètres d’altitude. Les nuages sont plus rares et le soleil se montre de plus en plus et il commence à faire chaud. Jusque-là la montée se présente plus facile que je ne l’avais imaginée et je suis monté à allure tranquille mais sans difficulté. Je me suis arrêté en bas d’une pente raide et très caillouteuse. Je repars donc en poussant le vélo. Ensuite cette situation sera plus fréquente qu’en dessous de l’altitude 1000 mètres. Je suis parfois obligé de pousser le vélo dans des pentes à 7 ou 8 % à cause de l’état de la route. Il y aussi quelques portions en terre compactée qui sont roulantes et sur lesquelles je peux rester sur le vélo jusqu’à 13% mais elles sont hélas plus rares que les mauvais passages.

J’arrive aux 1800 mètres d’altitude vers 15h et je pense pouvoir passer le col et redescendre à la même altitude de l’autre côté avant la nuit. Je continue donc l’ascension. Vers l’altitude 2 000 mètres je trouve un ruisseau (il y en a eu d’autres avant) et je fais plein de mes gourdes et des bouteilles vides que j’ai dans mes sacoches. Je demande par gestes à des femmes qui descendent à pieds et lourdement chargées si l’eau est potable. Elles répondent aussi par gestes que oui. Je pourrais aussi la filtrer mais je ne pense pas que ce soit nécessaire.

Deux virages plus haut il y a un village avec quelques enfants qui jouent devant un grand bâtiment qui doit être l’école. Jusqu’au milieu du virage le chemin était bon mais ensuite ce sont encore des pierres et aussi une forte pente qui m’obligent à mettre pieds à terre. Les enfants s’approchent un peu mais détalent aussitôt que je sors l’appareil photo. Je reprends donc la montée qui est de plus en plus raide et toujours avec soit des grosses pierres soit des plus petites qui roulent sous les chaussures. Je n’ai pas assez d’adhérence sur les petites pierres et je dois pousser mon vélo en dehors des traces des voitures là où il y a des grosses pierres sur lesquelles mes pieds peuvent prendre appui. J’avance par à-coups car les pierres qui me donnent de bons appuis font aussi de bonnes cales pour les roues du vélo. J’avance trop doucement pour que le compteur indique le pourcentage mais je pense que c’est au moins 20% dans ce passage.

Ensuite c’est moitié caillouteux moitié bon. J’arrive au premier sommet vers 16h15 sur une excellente terre compactée. C’est ensuite une petite descente encore très caillouteuse et dangereuse suivie d’une autre montée à 7% environ mais que je dois gravir en poussant le vélo à cause des pierres qui roulent sous les roues.

La descente qui suit est acceptable mais demande de rester vigilent. Je descends donc à faible allure en surveillant où je fais passer mes roues tout en cherchant un endroit propice au camping.

Il s’en présente un à l’altitude 2065 mètres. J’hésite un peu à m’y arrêter car le goudron recommence ici. Sur une route goudronnée je peux descendre beaucoup plus vite, perdre rapidement de l’altitude et gagner peut-être quelques degrés en température cette nuit. La journée a été plutôt chaude et ensoleillée (Maxi = 36 degrés au compteur) mais cette partie de la montagne est déjà à l’ombre et il n’y fait plus que 14 degrés. La nuit sera probablement plus froide et largement en dessous de 10 degrés à cet endroit. La fraicheur c’est l’inconvénient mais continuer en présente d’autres. Il me reste juste le temps nécessaire pour installer la tente et faire chauffer mon repas avant la nuit et je ne sais pas sur quelle distance la route est goudronnée ni si je trouverai un autre endroit plat, sans pierre et un peu à l’écart de la route plus bas.

Je décide donc de passer la nuit ici et j’installe rapidement la tente. Le petit réchaud à gaz fait bien son travail et j’ai ma soupe prête lorsque j’ai terminé de préparer mon couchage et de ranger les sacoches sous la tente. La tente est une deux places et je seul alors je peux me permettre d’avoir toutes mes affaires à portée de main sous la tente.

Il me reste environ 70 kilomètres pour aller jusqu’à Muang Khoun où il y a normalement une guesthouse.  Le parcours est surtout descendant mais il y a aussi quelques montées dont une avec 200 mètres de dénivelé. Si tout le parcours est goudronné je peux y arriver sans problème. Si c’est non goudronné cela doit être aussi possible sauf s’il y a trop de passages mauvais et pas franchissables sur le vélo. 

 

J41 - Mercredi 14 février 2018 – Phou Samsoun (Col) – Muang Khoun

Distance parcourue : 67,31 Km - Moyenne : 14,12 Km/h

Dénivelé montant : 729 m - Pente montante Maxi : 14 %

Dénivelé descendant : 1711 m - Pente descendante maxi : 14 %

Altitude départ : 2065 m - Altitude arrivée : 1081 m - Altitude Maxi : 2065 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4312251/#/z10/19.2392879,103.573245/google_roadmap

Je me réveille vers 7 heures ce matin. Il fait 14 degrés sous la tente. J’ai dormi habillé dans le duvet (température de confort 15 degrés) et je n’ai pas eu froid. Je sors dehors et il me semble qu’il ne fait pas plus froid que sous la tente. Par contre c’est très humide et la tente est trempée comme s’il avait plu. Pourtant le ciel est dégagé depuis hier après-midi. Comme il y a un gros talus sur la gauche de la route et à l’est de l’endroit que j’ai choisi pour mettre la tente il va falloir attendre encore un peu pour que le soleil arrive et sèche la tente. Je me remets donc dans le duvet et je me rendors jusqu’à ce que la lumière et la chaleur du soleil me réveille. Je regarde la température sur le compteur. Elle augmente très vite et je sors du duvet quand elle atteint 20 degrés. Il est alors 8h30.

Je commence par me faire un petit balai avec des branches pour éliminer le plus gros de l’humidité qui est sur la toile. C’est efficace et la toile passe de l’état trempée à l’état humide. Ensuite je mets l’eau à bouillir pour faire ma soupe (deux sachets de nouilles chinoises) et pendant que ça chauffe je m’habille en tenue de vélo et je sors les sacoches et le matériel. Après avoir enlevé les piquets et les haubans la tente peut être orientée au soleil afin de sécher toutes les faces et même le dessous en la retournant sur les arceaux après avoir enlevé le double toit. Je mange quelques fruits avant de boire la soupe et ensuite je m’offre un café avec des biscuits. Lorsque le petit déjeuner est terminé la tente est sèche sur toutes ses faces. Il reste à la plier. Il n’y a pas de vent et c’est vite fait.

Le temps de faire quelques photos et d’envoyer quelques messages (je capte la 2G ici mais les messages ne partent pas) et il est 10h30 lorsque je commence mon parcours.

Le goudron n’est pas très roulant et un peu bosselé parfois mais c’est un régal en comparaison avec le chemin caillouteux d’hier. Il sera présent sur tout le parcours à l’exception d’environ 200 mètres avant et après chaque pont avec bande de roulement en bois. C’était ainsi à tous les passages de ponts de ce type que j’ai franchi au Laos. Je n’en suis pas certain mais je pense que c’est pour obliger les véhicules à ralentir. Les deux roues doivent arriver doucement pour bien choisir leur trajectoire sur les planches et les véhicules à quatre roues doivent en plus vérifier qu’un autre véhicule n’arrive pas en sens inverse car deux voitures ne peuvent pas se croiser sur ces ponts.

Après deux petits kilomètres de descente il faut recommencer à monter sur une distance de seulement environ 400 mètres mais c’est du 11 ou 12% avec un passage à 14%. La journée montagneuse d’hier n’a pas laissé de traces et je monte tout en vélo sans trop de difficultés.

Il y a d’autres petites montées moins raides mais jusqu’au kilomètre 13 environ c’est surtout de la descente. Il fait très beau aujourd’hui et comme je suis parti tard il fait aussi assez chaud (environ 34 degrés au soleil à partir de midi) mais pour de la descente c’est préférable à la fraicheur.

La route passe en bordure de Muang Moc mais je ne vois pas d’indication de guesthouses ou de restaurants. La « difficulté » du jour avec environ 200 mètres de dénivelé montant commence aussitôt après avoir dépassé les quelques maisons du village qui sont en bordure. Le gros du village est un peu à l’écart sur la gauche. La première montée est raide avec des pentes à 12%. Ensuite c’est variable mais les plus grosses pentes ne dépassent pas 10%. Après une petite descente la montée se termine avec des pentes encore à 10 ou 11% au kilomètre 18 environ. Depuis Muang Moc il y a un petit vent de face qui rafraichit mais qui n’aide pas. Il sera présent tout le reste de la journée

Il y a encore des montées sur le reste du parcours mais c’est principalement descendant. La fin (environ 12 kilomètres) est plate ou légèrement descendante.

J’arrive à Muang Khoun vers 16h15 et je fais un tour de la « ville » pour repérer les guesthouses. J’en vois cinq mais il y en a peut-être plus car je n’ai parcouru que la rue principale. Je vais d’abord voir celle où nous avons déjà dormi en 2015. C’est complet et je vais voir presque en face celle que j’avais hésité à visiter en premier car elle est bien exposée au soleil. C’est un inconvénient lorsqu’il fait très chaud mais en ce moment les nuits sont fraiches et les bâtiments qui ont bien emmagasiné la chaleur de la journée sont plus agréables la nuit. Il y a des chambres à 60 000 et 80 000 Kips. Je visite une chambre à 60 000 Kips. Elle est petite mais il y a tout ce qu’il me faut (eau chaude, petit bureau, tabouret et wifi) et je m’installe ici pour la nuit. Il y a aussi un abri à l’extérieur pour le vélo.

Le parcours du jour a été plutôt facile et agréable. Après la première descente les paysages de montagnes boisées ont laissés la place à des petits villages construits en bordure de grandes zones plates entre des petites montagnes plus arrondies. On cultive le riz sur ces terrains plats mais c’est la saison sèche en ce moment au Laos et c’est le bétail qui broute les herbes sèches ou les restes de paille de riz des rizières. Il y a pourtant toujours une rivière qui serpente autour mais l’eau n’est pas utilisée pour irriguer les parcelles. Il y probablement une raison à cela. Pas assez de débit ? Besoin de cette eau pour alimenter des centrales électriques des villages plus bas ? Je ne sais pas mais les paysages sont certainement beaucoup plus beaux lorsque les parcelles ne sont pas grises mais en culture et que chacune a une couleur un peu différente.

Phonsavanh qui est ma destination de demain est à une trentaine de kilomètres de Muang Khoun. Le parcours n’est pas plat mais il n’y a pas de difficultés et ce devrait être une petite balade tranquille. Je ferai probablement un détour pour visiter une deuxième fois le site des jarres (déjà visité en 2015). Ce sont ces pierres taillées en forme d’immenses gobelets qui attirent les touristes à Phonsavanh. Ce n’est qu’une plaine avec des gobelets géants en pierre posés dessus mais cela mérite quand même un petit détour.

 

J42 - Jeudi 15 février 2018 – Muang Khoun - Phonsavanh

Distance parcourue : 37,05 Km - Moyenne : 12,81 Km/h

Dénivelé montant : 285 m - Pente montante Maxi : 4 %

Dénivelé descendant : 239 m - Pente descendante maxi : 4 %

Altitude départ : 1081 m - Altitude arrivée : 1128 m - Altitude Maxi : 1158 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4312902/#/z11/19.3952518,103.2614/google_roadmap

https://fr.wikiloc.com/itineraires-voyage-a-velo/j42-jeudi-15-fevrier-2018-muang-khoun-phonsavanh-22660400

Le parcours du jour n’est pas long ni difficile et je n’ai pas programmé d’heure de réveil. Cela aurait d’ailleurs été inutile car les autres clients de l’hôtel se chargent du réveil général vers 7 heures. Je reste dans le lit confortable et sous l’épaisse et chaude couette et je me rendors un moment. Je me lève à 8 heures je prends un acompte sur le petit déjeuner avec des fruits et un café dans la chambre. Je quitte l’hôtel vers 9 heures et je prends la direction du marché où il y a des restaurants. Je m’installe dans le premier que je trouve et je suis l’unique client. Après avoir mangé ma soupe je me dirige vers la cuisine pour payer. La cuisinière est accroupie (position habituelle ici) derrière le comptoir très occupée à fendre des têtes de bambou. Elle a une grosse frayeur en me voyant. Je ne pense portant pas avoir l’air aussi effrayant que cela mais elle avait sans doute l’esprit ailleurs. Elle se remet de sa surprise et se met debout avec quelques têtes de bambous à la main. Elle me montre ce à quoi elle était occupée. Il y a un vers dans chaque tête de bambou et elle les mange crus. Elle m’invite à gouter. Les vers ne sont ni gros ni repoussants et j’en mange quelques-uns. Ce n’est pas mauvais mais comme ce n’est pas gros il doit falloir un fagot de tête de bambou pour nourrir une personne.

Pour en savoir plus sur les vers de bambou

http://www.crokfun.com/manger-insolite/un-ver-de-bambou/

http://www.insectescomestibles.fr/39-vers-de-bambou.html

Lorsque je prends la route de Phonsavanh il est 9h55. Il fait beau et j’ai du temps alors j’avance à une allure de promenade en prenant le temps de regarder les paysages. L’environnement proche est plutôt sec et pourtant il y a encore des petites rivières qui cotoient des rizières sèches. Il y a quand même de temps en temps une petite parcelle travaillée où poussent salades, choux et autres légumes.

Depuis la fin du parcours d’hier j’ai rejoint la route 1D et il y a un peu de circulation. Depuis quelques jours j’étais sur des routes où il y en avait très peu alors il faut que je reprenne l’habitude de rouler du bon côté de la route (à droite) et non à l’emplacement que je trouve le meilleur.

Lorsque je passe à l’intersection de la route qui conduit aux sites des jarres 2 et 3 j’hésite un peu. Je pourrai visiter ces deux sites plutôt que le site 1 que j’ai déjà vu. Cependant il faut que je m’écarte de 20 kilomètres environ. Cela ajouterait donc 40 kilomètres au parcours qui passerait de 35 à 75 kilomètres. C’est tout à fait faisable mais il faut que je change de l’argent si je ne veux pas en manquer lorsque je serai dans des villages perdus. Il doit y avoir des changeurs à Phonsavanh. Le change est souvent meilleur que dans les banques et c’est aussi plus simple et plus rapide. Je ne sais pas à quelle heure ils ferment boutique aujourd’hui. Demain c’est le nouvel an chinois et ils risquent de ne pas ouvrir du tout. Les jarres doivent se ressembler sur tous les sites et je décide de rester sur une nouvelle visite du Site 1 qui ne rajoute que 4 ou 5 kilomètres à mon parcours et me permet d’arriver tôt à Phonsavanh.

L’intersection est environ trois kilomètres après celle des sites 2 et 3. Après environ deux kilomètres de dérivation j’arrive sur le site 1. L’entrée coûte 15 000 Kips et le parking surveillé (quand le surveillant y est) est payant pour les motos mais gratuit pour les vélos. Je laisse donc mon vélo sous l’abri avec les motos et deux des véhicules électriques qui conduisent les visiteurs sur le site et qui rechargent leurs batteries.

On peut aller sur le site à pieds mais puisque le transport en véhicule électrique et compris dans le prix de l’entrée j’attends assis à l’ombre que le véhicule qui fait la navette arrive. Cela ne tarde pas et le véhicule transporte aussi trois français retraités et un jeune couple espagnol. Les espagnols sont en voyage pour un mois et demi (Vietnam, Cambodge, Laos et Philippines) et ils sont venus sur le site avec une moto louée. Les français sont en voiture avec chauffeur et ils voyagent au pas de courses. Ils ont déjà visité le site 2 et leur visite du site est minutée car ils prennent dans quelques heures un avion pour Vientiane. C’est une autre façon de voyager mais je préfère de loin la lenteur de mon moyen de transport qui me permet de rester le temps que je veux et là où je veux et d’être autonome pour mes déplacements.

Je fais le tour du site. C’est le site de jarres le plus important du Laos mais il n’est pas bien grand. Il y a aussi une petite montagne avec une grotte et une cheminée qui débouche au sommet. Elle semble dédiée à la prière. Le circuit complet amène sur une colline d’où on peut rejoindre le parking à pied ou redescendre vers l’entrée du site et revenir avec la navette électrique. Les distances ne sont pas importantes et sensiblement égales. Je rentre donc à pieds. Il y a un petit musée à côté de la billetterie dont la visite est incluse dans le prix du billet d’accès au site.

Environ la moitié du musée est dédié aux jarres et à leur origine. Pour les scientifiques les jarres sont des sépultures où les corps étaient déposés assis dans les jarres qui étaient ensuite fermées par un couvercle. Pour certains laotiens ce seraient plutôt des gobelets utilisés par des géants qui auraient vécu ici dans le passé.

L’autre moitié est dédiée à l’histoire du Laos et de la province de Xieng Kouang avec pour partie principale la guerre du Vietnam qui est la plus récente (fin en 1973). Dans une période plus ancienne la région a été occupée par les Siamois (Thaïlandais) et par les chinois. Le Laos a été le pays le plus bombardé pendant la guerre du Vietnam. Entre 1964 et 1973, pendant 9 années donc, il aurait été bombardé en moyenne toutes les huit minutes. 270 millions de bombes ont été larguées sur le Laos pendant cette guerre et plus de 30 % n’ont pas explosées. Ces bombes encore actives ont faits environ 20 000 morts post guerre.

Le site des jarres 1 est à moins de dix kilomètres de Phonsavanh et j’y arrive rapidement et facilement. Je m’arrête à un premier changeur qui ne prend que les USD. J’en ai mais le dollar n’est pas très haut en ce moment et il est plus intéressant de changer des Euros. Un deuxième changeur affiche le taux de change pour les USD et les Bahts mais pas pour les Euros. Il y a certaines villes et régions du Laos où il est impossible de changer des Euros. Je demande quand même et l’homme consulte les cours sur son téléphone et me propose 10 000 Kips pour un Euro. C’est mieux que les 9 930 Kips de la banque à Cepon. Pourtant l’Euro était au plus haut par rapport au Kip début février lorsque j’étais à Cepon. Je change donc ce qui me semble nécessaire pour  la fin de mon séjour avec une petite marge de sécurité et je continue en direction de la guesthouse "Jennida Guesthouse" où nous avions dormi en 2015. Elle est toujours là et les chambres sont toujours à 80 000 Kips (12 Euros soit 120 000 Kips sur Booking = + 50%). Il doit y avoir moins cher dans le coin mais ce prix est correct pour une grande chambre. Il y a aussi une grande réception qui sert de garage aux motos et vélos. Le personnel est souriant et aimable. Il y a un distributeur d'eau chaude et fraiche à la réception.

Le soir je dine dans un restaurant où il y a au moins trois groupes de français et peut-être même que tous les clients sont français. Un couple de retraités arrive juste après moi et le patron les installe à ma place. Ce sont de grands voyageurs qui font deux voyages lointains hors Europe par an et deux autres en Europe. Ils voyagent en définissant leurs objectifs eux-mêmes et ensuite ils envoient par Internet le circuit qu’ils veulent faire à des agences locales francophones et choisissent le meilleur rapport qualité/prix. C’est moins cher qu’un voyage organisé par une agence française pour des prestations identiques.

Je profite d’être dans une grande ville avec des restaurants qui ont des menus plus variés que dans les campagnes où il n’y a guère de choix pour faire un petit extra tout en restant dans la cuisine traditionnelle laotienne. Pour moi ce soir c’est une belle assiette de poulet Sweet & Sour accompagnée d’une assiette de riz et d’une bière. Le poulet est excellent mais il ne faut pas craindre de passer d’une bouchée de poulet ananas à une bouchée de poulet gingembre. Mes compagnons de table reste dans du plus classique pour le Laos avec chacun une assiette de nouilles à la poêle avec du bœuf.

J’avais prévu de rester une journée à Phonsavanh mais il n’y a rien de particulier à y faire en dehors de repas plus variés que dans les villes et villages non touristiques. Muang Khoun où j’étais hier aurait été un endroit qui m’aurait mieux convenu que Phonsavanh pour une journée de repos. Je n’y suis plus et je ferai une pause dans un endroit plus tranquille au nord si je trouve un site qui me convient. Sinon cela fera un jour de plus au Vietnam où je suis un peu juste en temps avec mon parcours préparé. J’espère que la météo me sera favorable et ne m’obligera pas à changer mes plans car au nord du Vietnam il peut pleuvoir et faire plutôt frais en mars.

Mon parcours préparé prévoit une nuit à Muang Kham qui est à environ 50 kilomètres d’ici avec un parcours assez plat au début et descendant sur la fin. Je verrai à quelle heure j’y arrive mais si c’est trop tôt il est possible que je continue un peu sur le parcours du lendemain qui est un peu long et très montagneux. Dans ce cas ce sera très probablement une nouvelle nuit sous la tente avec accès aux données mobiles ou pas.

 

J43 - Vendredi 16 février 2018 – Phonsavanh – Muang Kham

Distance parcourue : 52,70 Km - Moyenne : 16,88 Km/h

Dénivelé montant : 390 m - Pente montante Maxi : 7 %

Dénivelé descendant : 905 m - Pente descendante maxi : 8 %

Altitude départ : 1128 m - Altitude arrivée : 605 m - Altitude Maxi : 1211 m

https://www.bikemap.net/fr/r/4313551/#/z11/19.5519476,103.389985/google_roadmap

Les clients de la guesthouse sont tous des touristes et ils sont moins matinaux que les laotiens en déplacement qui sont les principaux clients des hôtels dans les villes et villages où les touristes sont rares. Je me réveille quand même avant huit heures et donc avant que le réveil sonne. Pourtant je me suis endormi un peu tard hier. Au Laos il n’y a généralement plus de bruit après 23H30 mais il doit y avoir une tolérance pour le nouvel an chinois. Après les pétards de minuit il y a eu de la musique forte jusqu’à 1h30.

Après une rapide toilette je descends deux sacoches et je remonte avec un gobelet d’eau chaude dans la chambre pour y boire le café. La guesthouse est bien conçue avec à chaque étage un large couloir extérieur qui donne sur une jolie cour. Les couloirs sont équipés de tables et de chaises pour que les clients puissent boire ou manger devant les chambres. Le soleil brille et il fait doux ce matin. Je profite donc d’un moment au calme avec une température matinale idéale. Les couloirs sont exposés ouest et cet après-midi il risque d’y faire très chaud. Après ce petit acompte sur le petit déjeuner il ne me reste qu’à descendre les deux autres sacoches et à équiper le vélo.

Il y a une petite supérette intégrée à la guesthouse. J’y achète quelques petits gâteaux pour renouveler mes provisions de sacoches qui commencent à s’épuiser. Ensuite je m’installe au même restaurant qu’hier soir pour le petit déjeuner. Ils font les petits déjeuners continentaux mais je reste sur la traditionnelle soupe de nouilles avec poulet, herbes et salade. Cette nourriture me convient bien. Il y a tout ce qu’il faut et je me suis même fait aux grains de poivre qui reste avec le bouillon à fin. Ça fait un peu moucher mais ça dégage bien les narines. La soupe est au même prix qu’ailleurs (15 000 Kips). Il y a un changeur de monnaie entre la guesthouse et le restaurant et il est ouvert malgré le nouvel an chinois. Il n’affiche pas le cours de l’Euro mais peut-être qu’il les prend quand même comme le changeur d’hier. Le nouvel an chinois semble être l’occasion de repas de familles au Laos. Tout au long du parcours d’aujourd’hui j’ai trouvé des gens bien habillés installés à des tables bien garnies en nourriture et boissons.

Après avoir écrit le texte du site hier soir j’ai regardé de plus près mon parcours pour les jours suivants. Le plus simple est de ne rien changer aux parcours d’aujourd’hui, demain et après-demain et de passer trois nuits confortables dans des guesthouses. Le parcours d’aujourd’hui est court et facile. Celui de demain est très montagneux et un peu trop long. Celui d’après-demain est aussi très montagneux mais la distance est correcte.

Puisque le parcours du jour est court je prends mon temps et je quitte le restaurant vers 10h20. Il fait déjà chaud et il n’y a plus beaucoup d’ombres mais le profil n’est pas exigeant et j’avance assez vite sans gros efforts. Il y a juste deux ou trois courtes montées avec des pentes entre 5 et 7% les reste est entre 2 et 4 %. Autour de Phonsavanh ce sont souvent des collines pelées et grillées. Je ne sais pas si c’est naturel ou le résultat de l’utilisation massif de défoliants par les américains pendant la guerre du Vietnam. A quelques distances de Phonsanvanh ce sont à nouveau les collines verdoyantes qui dominent. La route reste en 1100 et 1200 mètres d’altitude pendant les trente premiers kilomètres environ. Ensuite c’est le plus souvent descendant et j’arrive à Muang Kham vers 13h30. Il y a au moins deux guesthouses à l’entrée de la ville. Je passe devant celle où nous avions dormi en 2015 mais comme il est encore très tôt je fais le tour de la ville pour repérer le marché et voir s’il y a d’autres guesthouses. Il y en a d’autres et je prends une chambre à 70 000 kips à « That Ta Vanh Guesthouse ». Ils font aussi restaurant et c’est bien pratique. Je suis arrivé à l’heure de la sieste et la réceptionniste dormait couchée à l’ombre en travers d’une marche d’escalier. Ses jeunes enfants, un garçon et une fille, étaient eux occupés à leurs devoirs de lecture. En me voyant la petite fille a réveillé sa mère. Je n’ai donc pas eu à attendre que la sieste se termine et j’ai profité de l’occasion pour faire quelques photos du livre d’école de la petite fille. La chambre est grande avec deux grandes fenêtres et un balcon commun bien exposé pour faire sécher le linge. Il y a l’eau chaude et le wifi mais je le capte mal dans la chambre. Pas de problème pour cela car il me reste plein de données mobiles qui seront de toute façon perdues demain soir.

Pour demain ce sera donc un parcours montagneux qui me conduira à Muang Neun en 85 kilomètres. Je vais essayer de partir plus tôt qu’aujourd’hui pour bénéficier de la fraicheur matinale dans la plus grande montée qui commence au kilomètre 4 et se termine au kilomètre 22 environ. Ensuite c’est en dents de scie mais avec des dénivelés moins importants.

 

Commentaires

  • Massard
    • 1. Massard Le 15/02/2018
    Salut Jean
    Tu vas grimper la côte de Vendrange en riant à ton retour (7 %)
    Bon courage les paysages sont très beaux .Ici le temps se radouci
  • Marie Jane
    • 2. Marie Jane Le 15/02/2018
    Merci beaucoup pour la carte reçue ce matin. Je vais suivre sur le site votre parcours! Je ne savais pas que vous étiez reparti pour un beau périple Bonne continuation!
  • Murielle M
    • 3. Murielle M Le 11/02/2018
    Hello Jean-Marie
    C'est avec beaucoup de plaisir que je suis depuis le début ton périple à vélo en Asie tout comme la route de mon fils Gary . Il est actuellement au Nord du Laos depuis une bonne semaine . Vos routes vont se croiser ces jours ci . Il doit quitter Luang prabang aujourd'hui pour se rendre plus au sud faire la bouclée Thrakhek en scooter .Alors qui sait ....bonne continuation
    • cyclotourisme_tranquille
      • cyclotourisme_tranquilleLe 11/02/2018
      Bonjour Murielle et Manu et toute la famille, Merci pour le petit mot sur le site. Je ne suis plus sur la boucle de Thakhek depuis vendredi 9 février et je suis maintenant sur un itinéraire non touristique et praticable seulement en moto et 4x4 et aussi VTT puisque j'y suis mais pas en scooter. C'est dommage car cela aurait été un grand moment de rencontrer par hasard Gary. Je remonte vers le poste frontière Laos/Vietnam le plus au nord en passant par Phonsavanh. Gary va vers le sud et il est donc peu probable que nous nous rencontrions au Laos. Je serai au Nord Vietnam au mois de mars alors s'ils y vont aussi....

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